UN CONTRAT DE COMPORTEMENT
Réussir à manger assis dans le calme tout le temps du repas est un apprentissage difficile pour un enfant lambda, alors pour un enfant autiste, sans cesse perturbé par ses perceptions sensorielles, ses pensées, ses émotions ou son éventuelle hyperactivité, cela peut être très compliqué.
Mon petit loup explique : « A la maison, quand je suis assis à table, j’arrive pas à trouver la position où je suis bien installé pour manger. Je replie un genou sous mon menton pour tenir ma tête trop lourde et je rapproche le tabouret sous la jambe restée en dessous de la table pour sentir mon pied bien calé entre les barreaux. Mais j’ai besoin de me lever souvent pour déplier mon genou, pour aller chercher un truc, pour caresser mon chat entre deux plats ou juste pour expliquer quelque chose. Alors maman m’a donné un coussin spécial (coussin de positionnement) pour que je bouge mais en restant assis les jambes en bas. Dans la cuisine, il y a plein de bruits qui remplissent ma tête : le ronflement frigo juste derrière moi, le « pchiiit » du robinet, la tempête sous la hotte, le moteur et la sonnerie du micro-ondes ou le « ffffrrr » du steak dans la poêle. Mais à la cantine, c’est 100 fois pire ! Le bruit de tous les élèves qui parlent en même temps, ça me donne mal à la tête. Après ça, je reviens en classe épuisé et ça me gâche l’après-midi ! »
L’établissement d’un contrat de comportement avec mon petit loup a demandé une longue préparation en amont et plusieurs étapes :
J’ai commencé par lister les différents comportements de Loulou posant problème à table
Je les ai listés avec lui afin de lui permettre d’en prendre conscience et de l’impliquer dans les progrès à réaliser :
- Ne pense pas de lui-même à se laver les mains avant de s’asseoir à table,
- A besoin d’être appelé plusieurs fois avant de venir à table,
- Refuse de s’asseoir à table quand un plat ne lui plaît pas avant même d’y avoir goûté,
- N’arrive / n’essaie pas de couper sa viande seul,
- N’arrive / n’essaie pas d’ouvrir sa banane seul,
- Parle fort à table,
- S’assoit en repliant son genou sous le menton,
- N’arrive pas à rester assis à table plus d’1/4h.
J’ai travaillé ces différentes compétences en dehors des temps de repas
L’idée est de ne pas travailler tous les points en même temps mais un par un au fil du temps.
Par exemple, on s’est entraînés à couper la viande en travaillant d’abord la motricité fine avec la construction de mini légos (« les Nanoblocks »), puis en musclant les doigts avec des jeux d’élastiques, une paire de ciseaux ergonomiques à ressorts, puis en apprenant à couper de la pâte à modeler, du steak haché et de la viande de plus en plus dure.
Quant au fait qu’il arrête ce qu’il est en train de faire pour passer à table ou à une autre activité en général, ce qui est une problématique récurrente chez les personnes autistes, c’est un travail que nous avons commencé il ya plusieurs années et qui est encore en cours. Loulou a d’abord appris à utiliser un timer pour se repérer dans le temps avant d’accepter l’idée qu’à la fin du temps écoulé, l’activité s’arrête. On a dû utiliser des contextes d’apprentissages où la sonnerie du timer était la bienvenue, comme pour limiter le temps des devoirs, ou le temps de douche (qu’il n’aime pas), pour ne pas qu’il finisse par prendre le timer en grippe mais comme une aide. Ensuite, on a travaillé le changement d’activité en proposant des activités attractives après celle qui se terminait (ex : un temps de jeux après la douche), en proposant une récompense chaque fois que Loulou arrêtait son activité à la sonnerie du timer (un temps de jeu, un jeton, un bon goûter…), ou en organisant ses lieux d’activités de façon à matérialiser un espace de fin d’activité (une caisse de rangement, un tapis de sol pour s’allonger, un doudou à retrouver dans le lieux d’activité suivant etc…). Au fil du temps, Loulou s’est habitué à passer d’une activité à une autre mais cela lui coûte encore beaucoup d’énergie et de colère, surtout quand il faut interrompre un jeu sur tablette (mais les écrans sont un autre problème !).
J’ai établi le contrat de comportement une fois les compétences acquises
Une fois les compétences acquises, j’ai réalisé le contrat de comportement sur le modèle des routines quotidienne que mon petit loup a l’habitude d’utiliser. Il s’agit en même temps d’un système à économie de jetons qui récompense les réussites. Avec lui, nous avons convenu que les récompenses resteraient liées à l’alimentaire (un bon dessert, un plat qu’il aime, une soirée crêpes, etc …). Nous l’avons mis en place depuis deux semaines maintenant et cela fonctionne très bien.
Commentaires
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- 1. Héloïse Le 12/10/2022
très bien ses contra
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